Une nouvelle fois l’actualité dramatique de ces derniers jours souligne le délabrement du secteur de la psychiatrie au plan national. Celle-ci venant après l’événement d’Annecy il y a quelques mois.
Aujourd’hui, au gouvernement comme dans la plupart des médias à sa botte, la psychiatrie est considérée non plus comme un acteur de soins mais comme un supplétif de la politique répressive en matière de sécurité et de lutte contre le terrorisme. Darmanin rejetant même la responsabilité de l’assassinat de Paris sur une «défaillance psychiatrique». Quel scandale quand on sait qu’un quart des établissements de psychiatrie ont fermé entre 11 et 30% de leur capacité et que les personnels médicaux et paramédicaux n’ont plus les moyens humains pour suivre les patients atteints de pathologies psychiques, en pleine déshérence !
En cette rentrée 2023, la crise dans le secteur de la santé mentale s’aggrave un peu partout en France, notamment avec des patients non pris en charge ou trop tardivement. Chaque jour, chaque semaine, des conflits éclatent un peu partout dans des hôpitaux psychiatriques, liés à la fermeture de lits. Quelques chiffres sur ce cri d’alarme : depuis 2020, 58 % des établissements publics ont fermé des lits de psychiatrie. En Haute-Savoie, plus de 100 lits fermés depuis cet été, les services d’hospitalisation complète de Thonon supprimés, des CMP (Centres Medico-Psychologiques) qui ne peuvent plus faire face à des centaines de demandes de prises en soin... Toute une population, patients et familles, abandonnée dans des déserts médicaux !
Cette situation ne peut plus durer. Les communistes la dénonce depuis des années et exigent un plan d’urgence exceptionnel pour la santé, car ce sont toutes les spécialités médicales qui sont aujourd’hui menacées de disparition dans certains territoires. L’hôpital public s’effondre, asphyxié par son financement à la Tarification à l’Activité (T2A) qui a transformé l’hôpital public en usine de production de soins, mis en concurrence les établissements, les services, les équipements entre eux. Par contre, le secteur privé prospère sur les ruines du public. Des groupes comme Ramsay ou la Générale de Santé en Haute-Savoie, en choisissant de ne traiter que les actes fortement lucratifs, explosent leurs bénéfices, au détriment de la Sécurité Sociale, des mutuelles et des patients contraints aux dépassements d’honoraires.
La médecine libérale, suite aux effets dévastateurs du numerus clausus imposé dans les années 1980 (limitant le nombre de formations de médecins généralistes et spécialistes pour soi-disant réduire les dépenses de santé à venir), est aujourd’hui également en grande difficulté. Pas un territoire de notre département où le manque de médecins ne se fait ressentir. Dans le Chablais, 11.000 citoyens n’ont pas ou plus de médecin référent suite à la vague des départs en retraite qui s’intensifie.
Les militants communistes ont pris, avec d’autres citoyens engagés, la question de la lutte contre les déserts médicaux et de l’accès aux soins pour tous à bras le corps. Depuis 2014, ils luttent au sein du Collectif Santé Chablais pour la création de Centres de Santé publics dans les différents territoires, avec des médecins et paramédicaux salariés. Des premiers succès voient le jour en cette fin d’année dans notre département avec l’ouverture d’un centre de santé municipal à Bons en Chablais avec 3 praticiens généralistes et un pédiatre salarié, ainsi qu’un autre projet qui va se concrétiser en 2024 avec la commune de Viry, projets accompagnés par La Fabrique des Centres de Santé.
Des choix politiques audacieux et urgents sont nécessaires pour garantir l’accès aux soins et à la prévention pour tous les citoyens. Le conseil départemental de Haute Savoie devrait prendre exemple sur ce qui a été fait et rend pleinement satisfaction, par son homologue de Saône et Loire avec la création d’un réseau départemental de centres publics de santé avec des praticiens salariés.