La dette, la dette et rien que la dette

Depuis plusieurs semaines la musique est lancinante. Gouvernement démissionnaire comme nouveau, journalistes, experts autoproclamés… tous s’accordent à dire que la France est au bord du gouffre à cause du déficit et de la dette. Le scénario catastrophe qui nous est promis n’a qu’un objectif : préparer le terrain pour un nouveau tour de vis sur les salaires et les services publics. La droite et les macronistes expliquent que l’envolée de la dette est le résultat de dépenses sociales trop importantes, dans lesquelles il va falloir encore faire des coupes (on peut penser aux retraites). Ce coup de force idéologique est là pour cacher la réalité ; celle d’un Etat dont le budget est mis depuis des années au service des intérêts des plus riches de ce pays.

Il est d’abord bon de rappeler qu’en sept ans de macronisme, la dette s’est envolée de 1 000 milliards d’euros, passant de 2 200 milliards en 2017 à 3 200 aujourd’hui. Un comble pour un gouvernement qui n’a cessé de mener une politique de réduction des moyens alloués aux services publics, de poursuivre le gel du point d’indice des fonctionnaires ou encore de mettre en place une réforme des retraites inique soi-disant destinée à redresser les comptes. Alors comment expliquer un tel paradoxe entre la réalité et les discours ?

Des recettes fiscales toujours plus concentrées sur les travailleurs

Un début de réponse est à aller chercher du côté des recettes de l’Etat. Le macronisme a poursuivi et amplifié une politique fiscale de classe, destinée à servir les intérêts des plus riches. Dès son arrivée à l’Elysée, Macron a supprimé l’ISF faisant perdre environ 4 milliards d’euros de recettes par an à l’Etat. L’impôt sur les sociétés (IS) est passé de 33% à 25% depuis l’arrivée de Macron au pouvoir, favorisant en particulier les profits des grosses entreprises. Quand on sait que l’IS était de 50% jusqu’aux années 1980, on est loin du matraquage fiscal que le patronat nous vend à longueur de journée ! Le CICE lancé par Hollande a été poursuivi et transformé en 2019 en réduction pérenne de cotisations sociales pour le patronat. A lui seul, ce dispositif fait perdre environ 25 milliards d’euros par an à l’Etat (1/7e de tout le déficit du pays).

En sept ans, rien n’a été fait sur la question de la fraude fiscale, c’est même tout l’inverse quand on voit l’état de dégradation des services des finances publiques régulièrement dénoncé par les syndicats. On estime ainsi que la fraude fiscale engendre une perte d’environ 100 milliards d’euros par an, pour l’essentiel issu des contribuables les plus riches ou des grosses entreprises. Ajoutons à tout cela une multiplication des niches fiscales, une fiscalité bien peu progressive, un laisser-faire volontaire de l’exil fiscal… et nous obtenons tous les ingrédients d’une politique fiscale de classe au service de la bourgeoisie. Aujourd’hui, un travailleur au SMIC paye proportionnellement plus d’impôts et de taxes qu’un millionnaire !

Le macronisme a dépensé sans compter pour les intérêts du patronat

La suite de la réponse est à aller chercher du côté des dépenses publiques. Rien ne serait plus faux que de dire que les macronistes ont mené une politique d’austérité pendant sept ans. C’est même tout l’inverse ! Des dépenses considérables ont été engagées, mais bien évidemment pas pour les services publics, le logement ou encore les salaires.

Pendant et après la période covid, Bruno Le Maire n’a pas hésité à sortir le carnet de chèque ! On estime à environ 140 milliards d’euros dépensés en lien avec la crise. L’essentiel n’a pas été pour l’hôpital public, bien loin de là. Une très grosse partie de cet argent public a terminé dans les caisses des entreprises.

Depuis maintenant deux ans, Emmanuel Macron a souhaité faire entrer la France dans une « économie de guerre » pour reprendre ses mots. Alors qu’il n’y a pas un centime pour l’école ou pour l’hôpital, les macronistes ont voté l’année dernière la Loi de Programme Militaire (LPM) qui prévoit une explosion sans précédent du budget des armées. Pas moins de 413 milliards d’euros seront dépensés entre 2024 et 2030. On dépense désormais plus chaque année pour l’armée que pour l’éducation nationale.

Alors que le nouveau premier ministre nous explique qu’il va falloir se serrer la ceinture, la France continue par exemple de fournir des armes à Israël pour un montant de plusieurs dizaines de millions d’euros par an. Tout cela pour permettre au gouvernement d’extrême-droite israélien de poursuivre son génocide à Gaza et de s’en prendre désormais au peuple libanais.

La question de la dette n’est donc pas binaire. Il ne s’agit pas de savoir s’il y a de l’argent ou non, s’il faut mener une politique d’austérité ou de relance. La question est donc de savoir si on souhaite poursuivre ou non une politique de classe destinée à faire peser la fiscalité sur les travailleurs pour ensuite opérer des dépenses considérables destinées à remplir les poches du patronat ou des marchands d’armes. Communistes, nous portons sur ces questions un projet clair de rupture en matière budgétaire : pour une fiscalité réellement progressive, pour la fin de toutes les exonérations fiscales du patronat, pour un budget de redressement des services publics. A chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins !

Si nous pouvons être certains d’une chose, c’est que le gouvernement Barnier ne fera que poursuivre et accentuer la politique de Macron. C’est par la mobilisation des travailleurs du pays, à commencer par la journée du 1er octobre, que nous pourrons gagner une politique budgétaire de rupture !

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