Fabien Roussel est un maire heureux. Sèchement battu aux dernières législatives, le patron du PCF a pris goût à sa nouvelle routine depuis qu’il s’est installé à l’hôtel de ville de Saint-Amand-les-Eaux, fin janvier. Associations, commerçants, commissaire de police, proviseure du lycée… ce sont tous les acteurs de la vie locale de cette commune du Nord qui défilent dans son bureau. A mille lieues des calculs politiques qui occupent les chefs à plume parisiens. Les polémiques lancées par Jean-Luc Mélenchon ? La fin annoncée du NFP ? Fabien Roussel s’en fiche royalement.
Il préfère réfléchir à comment la gauche peut parler en dehors de ses bases, au-delà de ses maigres 28 % de juillet dernier. Le 24 avril, le leader communiste fait paraître un livre aux éditions du Cherche Midi qui risque de faire grand bruit à gauche. Son titre : « Le parti pris du travail ». Grand amateur de viandes rouges, le communiste n’aime rien moins que choquer le bourgeois… et l’écologiste Sandrine Rousseau. « Je veux supprimer le RSA », annonce-t-il tout de go, ce mardi 18 février, dans un restaurant du XIXe arrondissement.
Les plumitifs éberlués marquent l’arrêt. « Oui, je condamne cette France qui a assommé des générations entières à coups de RSA. Cela a permis à la droite de séparer les gens entre des travailleurs et des cassos », observe-t-il. Fabien Roussel veut au contraire « garantir à chacun un emploi ». Sinon, dit-il, « vous aurez des gens qui viendront vous voir en disant : pourquoi je me crève la paillasse à bosser pendant que mon voisin qui touche le RSA vit aussi bien que moi ? »
Face au mythe de l’assistanat généralisé, le Nordiste se propose de « créer les conditions de sortie du RSA » avec « une liberté de changer de travail, qui ne soit pas la flexibilité voulue par Macron ». « Quand tout est fait pour nous diviser en fonction de notre couleur de peau, de notre religion, de notre lieu d’habitation — urbains versus ruraux —, quand certains à gauche ne proposent rien d’autre que le chaos, le travail doit être le socle du rassemblement », théorise-t-il. Il veut réveiller la conscience de classe des commerçants, des artisans et des patrons de PME privés de la capacité d’emprunter. Comme un retour aux fondamentaux marxistes enrichi par les leçons d’une défaite face au Rassemblement national.