Depuis maintenant plusieurs mois Macron et son gouvernement n’ont qu’un argument pour justifier leur réforme des retraites : l’absolue nécessité financière. C’est un argument bien pratique pour couper court à tout débat et pour tenter de cacher (de façon bien illusoire) les raisons idéologiques et politiques qui dictent cette réforme. Mais c’est sans compter sur la finesse tactique du gouvernement ! Juste après avoir fait passer de force sa réforme des retraites en usant de tous les artifices légaux et de la plus grande des répressions, voilà que la Loi de Programmation Militaire (LPM) arrive sur la table de l’Assemblée. Alors qu’il n’y avait plus un centime dans les caisses pour financer les retraites, voilà que les milliards pleuvent… comme les missiles dans les rêves de tous les va-t-en-guerre !
On nous l’a répété en boucle et en boucle pendant des semaines et des mois. Macron, Borne et Dussopt n’ont pas fait la réforme des retraites de gaieté de cœur, mais par sens des responsabilités. Les caisses sont vides et il faut bien trouver de l’argent pour éviter la fin de notre système par répartition. Il convient d’abord de rappeler que ce postulat de départ est loin d’être partagé car même le Conseil d’Orientation des Retraites (COR) a réalisé plusieurs scénarios aux résultats très incertains. Toujours est-il que même en suivant le gouvernement, le déficit à combler s’élèverait à environ 12Mds€ par an.
Une somme au final assez dérisoire quand on la compare à l’ensemble des ressources affectées au financement de notre système des retraites (346mds soit 3,5% de déficit). Une somme encore plus dérisoire si on la compare aux profits records générés par les grands groupes capitalistes l’année dernière : 20Mds€ pour Total, 23Mds€ pour l’armateur CMA-CGM et 150Mds€ pour les seules entreprises du CAC40 (un niveau jamais égalé). Une somme encore plus ridicule si on la compare aux énormes cadeaux réalisés chaque année par l’Etat aux entreprises (environ 150Mds€ par an), en grande partie sous la forme de baisse de cotisations sociales qui vident donc les caisses de la sécu.
En somme le gouvernement souhaite faire travailler tout le monde deux ans de plus pour combler un déficit ridicule qu’il a lui-même créé pour satisfaire aux intérêts capitalistes !
Depuis quelques jours, changement radical de ton de la part du gouvernement ! Alors qu’il fallait se serrer la ceinture pour les retraites, il n’y a désormais plus aucun problème pour trouver plusieurs centaines de milliards pour l’armée et la guerre.
On en retourne donc au « quoi qu’il en coûte » qui est, comme depuis le départ, à géométrie variable (rien pour les travailleurs, tout pour les intérêts du patronat).
Le projet de Loi de Programmation Militaire (LPM) 2024-2030 est présenté par le gouvernement à l’Assemblée, à travers la voix du ministre Lecornu. Il propose une dépense cumulée de 413Mds€ sur les 7 prochaines années. La dernière LPM (déjà en forte hausse) s’élevait à 295Mds€, soit 40% de plus. Il est ainsi prévu qu’en 2030, la France dépense 69Mds€ par an pour son armée contre 43Mds€ actuellement. On dépensera ainsi plus chaque année pour l’armée que pour toute l’éducation nationale. Nous voyons ici les priorités de ce gouvernement !
Parmi les différents postes de dépense, certains connaissent particulièrement de fortes hausses. On peut par exemple noter les dépenses pour le nucléaire militaire (budget presque doublé), la volonté de construire un nouveau porte-avion de nouvelle génération ou encore d’acheter toujours plus d’avions rafale. Tout cela prouve donc encore la volonté d’intégrer toujours plus la France dans le jeu des tensions internationales causées en grande partie par les Etats-Unis et l’OTAN.
On ne peut pas comprendre ces choix budgétaires français sans les remettre dans un contexte international ; celui d’une course à l’armement et d’une exacerbation des tensions impérialistes. Le gouvernement justifie cette LPM par la guerre en Ukraine, mais cette dynamique a été décidée avant. A l’initiative des Etats-Unis, les membres de l’OTAN se sont engagés dès 2018 à porter leurs dépenses militaires à 2% de leur PIB en 2024. Objectif d’ores et déjà dépassé pour la France.
Si Poutine porte la responsabilité de l’invasion militaire en Ukraine, les impérialistes occidentaux (US-UE-OTAN) ont été les initiateurs d’un conflit qu’ils ont largement encouragé depuis 2014. Le choix de la course à l’armement n’aura qu’une seule conséquence ; exacerber encore les tensions faisant craindre les plus grands périls.
C’est aussi un budget qui répond directement aux attentes des grands marchands d’arme (Dassault, Thalès et compagnie). Il nous faut gagner la nationalisation de ces entreprises pour sortir ce secteur stratégique des mains du patronat et ainsi répondre uniquement aux besoins de défense.
Le combat pour la paix internationale n’est pas un mot d’ordre creux ! Et c’est celui que nous, communistes, décidons de porter, à l’encontre de tous les va-t-en-guerre de droite comme de gauche. Ne nous laissons pas tromper, les armes ne permettent pas d’éviter la guerre. Nous réaffirmons notre volonté de sortir la France de l’OTAN. Notre pays doit travailler, par la voie diplomatique, à un processus de paix en Ukraine (et ailleurs) tout en refusant de s’aligner sur les positions et intérêts belliqueux des Etats-Unis. Dans l’immédiat, une telle perspective doit passer par une opposition de toutes les forces progressistes du pays à la LPM voulue par le gouvernement.
Tous ces milliards doivent au contraire être utilisés pour répondre aux intérêts de la population : retraite, santé, éducation, transport !