Fin mai une infirmière du CHU de Reims a été poignardée mortellement par un patient souffrant de troubles psychiatriques. Depuis ce drame nos dirigeants n’ont plus de mots assez élogieux pour exprimer la solidarité de la nation à ses soignants.
Ce patient, déjà auteur de plusieurs agressions, nécessitait visiblement un suivi approprié et d’être pris en charge en urgence, ce qui apparemment n’a pu être possible. Ce drame, comme beaucoup d’autres, ne peut être considéré comme un passage à l’acte dû au hasard.
C’est une conséquence dramatique du délitement programmé de la psychiatrie publique depuis ces 25 dernières années, qui a vu la suppression de dizaines de milliers de lits d’hospitalisation - la moitié des lits - et des moyens humains correspondants. C’est la conséquence des fermetures ou des regroupements de Centres Médico-Psychologiques (CMP) éloignant ainsi les lieux de consultations et de soins et réduisant de manière drastique les effectifs soignants. Ainsi, des milliers de patients se retrouvent sans prise en charge satisfaisante malgré le dévouement sans bornes de soignants épuisés.
Dans le Chablais, le transfert début 2022 des lits d’hospitalisation à l’EPSM de La Roche sur Foron s’inscrit dans cette stratégie de re-concentration des maigres moyens restants. Passant ainsi de 42 lits d’hospitalisation complète sur Thonon avant le transfert à 12 lits actuellement sur La Roche par manque de personnel soignant, alors que notre secteur devrait disposer de plus de 100 lits pour ses 150 000 habitants selon la moyenne nationale... Le drame de Reims, et plus récent celui d’Annecy, montre à quel point il est dramatique de poursuivre la casse de notre système psychiatrique.